Nous avons pu le constater, les piscines ont su très rapidement mettre en place un protocole sanitaire pour permettre d’accueillir des nageurs avec le maximum de précautions sanitaires. Plus ou moins contraignants, plus ou moins efficaces, essayons de revenir ici sur les mesures qui ont été prises, et celles qui pourraient l’être lors de la réouverture tant attendue de nos piscines.
L’inscription préalable
Une des mesures les plus contraignante de toutes : l’inscription préalable. Assortie d’une limite drastique de nageurs en simultané, et de créneaux stricts.
Cette mesure avait été généralisée au tout début du premier déconfinement, mais rapidement levée avec l’assouplissement des mesures sanitaires gouvernementales et autre, qui faisaient croire à l’époque que l’épidémie était déjà terminée.
Dans l’idéal il faut une plateforme de réservation ou une application mobile avec paiement intégré, mais une solution moins couteuse et plus rapide à mettre en place aurait été la prise de rendez-vous, en téléphonant à la piscine, pour être inscrit sur le cahier et un paiement sur place (pour tenir compte des abonnements, des tarifs réduits, etc).
Cette mesure va de pair avec l’abaissement drastique de la FMI : Fréquence Maximale Autorisée.
On peut citer le Club des Nageurs de Paris (CNP) qui a mis en oeuvre un système de réservation préalable entre juillet et début septembre pour réguler la fréquentation dans leur bassin de 25m qui situé dans l’enceinte de la piscine Roger le Gall. Des créneaux de 90 minutes étaient réservables sur une application mobile, avec une limite de 20 personnes par créneau (soit 4 personnes par ligne d’eau). En outre ils ont eu la gentillesse de permettre des réservations (gratuitement en plus) par tous les nageurs inscrits à un club parisien. Ce système présentait aussi l’avantage d’afficher le nombre de places réservées permettant à chacun de s’inscrire en connaissance de l’affluence, avec la possibilité de libérer sa place jusqu’à 1h avant de venir.
Une amélioration de cette mesure pourrait être un échelonnement des arrivées, afin d’éviter les attroupements aux douches et aux vestiaires.
A l’opposé, une mesure mal comprise des usagers a été l’instauration dans certaines piscines d’une pause rallongée pour le ménage et la désinfection complète entre deux créneaux (entre les scolaires et le public par exemple), réduisant en conséquence fortement la durée des créneaux.
Enfin, même si cette solution n’a pas été envisagée jusque là, une prise de température avant l’entrée dans l’établissement pourrait très bien faire partie d’un protocole sanitaire futur.
La discrimination par public
L’état d’urgence sanitaire permet certes une discrimination en autorisant certaines personnes selon des critères d’âge ou autre comme c’est le cas actuellement, et interdire l’accès à d’autres. Seules les piscines et salles de sport ont ces règles, qui sur le long terme sont assez injustes.
Les mesures prises dans les vestiaires
En complément de la réservation obligatoire préalable, certaines piscines ont affecté un numéro de vestiaire et un numéro de casier individuel.
Certaines piscines, plutôt que de condamner un casier sur deux, ont condamné un bloc de casier sur deux. Moins de ménage à faire ! Et autant de nageurs dans un espace plus réduit pour se changer.
Certaines piscines ont fait le choix plus radical de condamner complètement les casiers. Chacun devant apporter ses affaires à côté du bassin. On imagine facilement que cette mesure est fortement dissuasive, mais le nageur motivé s’en accommodera.
Les marquages au sol et les gestes barrière
Les différents marquages au sol, permettent de rappeler à chacun à garder ses distances. Certaines piscines sont allé plus loin en installant des barrières pour séparer physiquement les sens de circulation.
La présence de ces marquages traduit une bonne volonté que l’on ne peut que saluer.
La piscine peut aussi mettre à disposition un flacon de gel hydroalcolique à l’entrée.
Le cas des douches
C’est l’un des lieux où la promiscuité est la plus forte. Pour des raisons d’hygiène, il semble délicat d’empêcher les nageurs d’y accéder avant d’aller nager, même si la majorité des nageurs en club n’en prennent jamais avant d’aller dans le bassin.
Beaucoup de piscines ont mis un marquage pour condamner une douche sur deux. D’autres ont mal implémenté le protocole en condamnant à la place un bloc de douche sur deux (citons la piscine Jacqueline Auriol par exemple).
Certaines piscines stoppaient les douches 30 minutes avant l’évacuation du bassin, cela permettait aux nageurs voulant prendre leur douche de sortir plus tôt donc de mieux lisser dans le temps les départs, et d’éviter un attroupement à la fin.
En tant que nageur, on remarque souvent que le passage à la douche est bref avant d’aller nager, mais s’éternise après sa séance. L’occasion de bavarder voire faire ses étirements. Il aurait été tout à fait possible d’interdire purement et simplement les douches en sortant.
Quelles mesures peuvent être prise dans les lignes d’eau ?
Des consignes particulières peuvent être demandées aux usagers, comme l’interdiction de stationner à deux personnes ou plus en bout de ligne d’eau.
Une des pires mesures qui a été heureusement adoptée par une poignée de piscines seulement (par exemple à Nogent sur Marne), a été l’instauration d’un « sens de nage » dans les lignes d’eau, avec obligation de changer de ligne à chaque virage. Il faut avoir bien du dédain voire du mépris pour les nageurs pour décider ce genre de chose !
Au contraire une mesure simple constatée par exemple à la piscine de Puteaux a été l’affichage d’un nombre maximum de nageurs par ligne. Cela permet tout d’abord à chacun de se répartir au mieux dans les lignes.
On a pu constater aussi parfois l’interdiction de tout sac et serviette au bord du bassin. Mais parfois aussi tout matériel de natation, y compris le matériel type petites palmes, pull-buoy, et même de bouteille d’eau !
Une mesure que l’on aurait aimé notamment à Paris, afin encore de permettre d’espacer au maximum les usagers, c’est d’évacuer plus tardivement les nageurs du bassin. Plutôt que 30 minutes avant la fermeture, il serait préférable de réduire à 15 minutes largement suffisant, voire 5 minutes.
Aérer régulièrement semble être une bonne mesure à généraliser.
La zone de déchaussage
Ces zones sont généralement assez réduites en surface. Les bancs pour mettre et retirer ses chaussures ont parfois une place sur deux de condamnée par un autocollant, quand ce n’est pas le banc complet qui est retiré.
La plupart des piscines ont débranché leur sèche-cheveux. La volonté étant d’éviter les attroupements.
La mesure qu’on aurait aimé voir mais qu’aucune piscine n’a mis en place
Cette période difficile est propice aux remises en causes et changements en profondeur !
On aimerait militer pour des horaires élargis, plus tôt le matin, plus tard le soir. De 6h à 23h tous les jours ! Une mesure à pérenniser, avec sans doute un coût horaire moindre qu’un équivalent en construction de piscine supplémentaire, pour démocratiser davantage pratique sportive alors que l’on va accueillir les JO 2024.
Une répartition à revoir éventuellement entre le public, les scolaires, et les clubs. En gardant certes une priorité aux scolaires pour l’apprentissage élémentaire de la natation, en s’appuyant davantage sur les bassins-école de proximité pour les petites classes, afin de permettre l’accès à la piscine à plus de classes.
On pourrait aussi souhaiter une meilleure répartition des créneaux entre associations sportives, en privilégiant celles qui mettent le mieux en oeuvre leur projet sportif pour le plus grand nombre.
Merci pour le récap, je vais partager mon avis sur quelques idées supplémentaires…
Fausses bonnes idées :
1) Prise de température. Lourd et ne donne qu’une illusion de protection. Presque personne ne peut nager avec 38° de fièvre (en revanche, ils peuvent toujours aller au lycée, au centre commercial ou prendre un train). Risque principal pour les piscines : des asymptomatiques contagieux, que la prise de température ne détecte pas.
2) Créneaux avec des heures de sortie strictes (genre : le créneau d’1h qui se termine forcément à xxh00). Favorise l’attroupement aux douches aux heures fixes, alors qu’au contraire il faut lisser les arrivées et les départs.
3) Fermeture des douches. Bon d’accord ça dissuade les attroupements, mais la bonne hygiène fait partie des gestes barrière…
Bonnes idées (àmha) :
1) Affichage de la fréquentation en temps réel. Les agents la suivent déjà (j’ai déjà vu la piscine Keller fermée car FMI atteinte), alors pourquoi ne pas la publier en ligne en direct (si automatique) ou toutes les 30 min (si manuel)? On peut aussi donner une estimation comme ce site le fait déjà (genre : les mardis à 18 h cette piscine est à 90 % de sa FMI environ), beaucoup d’agents ont déjà cette estimation en tête.
2) Lisser au maximum les arrivées et les départs. L’évacuation des bassins à Paris est presque toujours 30 min avant la fermeture, alors qu’ailleurs (Colmar, Franconville) elle est souvent 5 ou 15 min avant. Ça coûte pas grand chose et ça aide à éviter une ruée à la sortie.
3) Traçage des contacts. Les restos le font déjà, les cartes d’abonnement sont déjà pour la plupart nominatives, alors pourquoi ne pas le faire ? On peut très bien imaginer au moins un bout de papier comme dans certains restos, voire des logiciels plus intelligentes (associées à la réservation des créneaux par exemple)
Bref, j’espère surtout que ça servira à quelque chose en pratique…
Sur le point 3 du traçage, pour info la piscine d’Hyères avait mis en place en septembre un traçage de la participation pour la réouverture de la piscine de 25 mètres intérieure et effectivement c’était léger, on remplissait une feuille de présence ou on écrivait son nom prénom téléphone heure arrivée et départ, les abonnés à carte magnétique n’avait pas besoin de le remplir. Cela leur servait aussi pour mesurer la « jauge ».
Ah, et de manière plus anecdotique : interdiction de s’arrêter à plusieurs aux T. Vu à Émile Antoine, se traduit par un rappel à l’ordre d’un MNS si deux personnes ou plus restent debout dans la même ligne du même côté. Assez utile (on est statique et on respire fort = vrai risque de contamination), peu dissuasif et facile à mettre en place.
Ah oui super, je rajoute ces idées dans l’article pour le compléter. Merci !
Merci pour ce résumé des bonnes et mauvaises pratiques (et accessoirement merci pour les crédits photo, une nouvelle carrière s’ouvre à moi). J’ai juste une observation sur la neutralisation des sèche-cheveux – très mal perçue. Il ne s’agit pas tant d’éviter les attroupements que la vaporisation du virus par le souffle. Sinon, on en aurait éteint un sur deux. Enfin, je pense….
oui j’ai toujours entendu les piscines justifier l’arrêt des sèches cheveux par la propagation aérienne du virus.
C’est Groland à la piscine quoi…