J’ai profité d’un bref séjour à Istanbul pour aller plonger mes nageoires dans de la véritable eau du Bosphore… Enfin, pas l’eau libre à laquelle on peut pourtant goûter aussi lors de la traversée du Bosphore à la nage, qui, en 2012 avait eu lieu le 15 juillet (le fameux Bosphorus cross-continental: http://www.bosphorus.cc – un rêve ).
Mais l’eau du détroit, une fois filtrée et traitée, alimente la piscine du SuAda Club, (littéralement SuAda veut dire « île d’eau ») une petite île située à la hauteur de Kuruçesme, quartier résidentiel sur le Bosphore en amont du vieux centre-ville d’Istanbul.
Le trajet à lui seul vaut la peine: En bateau on longe les plus beaux palais des sultans et des hauts dignitaires de l’ancien empire ottoman. Une fois passé sous les arches impressionnantes du premier pont qui traverse le Bosphore, on accoste sur un quai à côté des yachts luxueux des résidents de ce quartier plutôt cossu. C’est étonnemment vert, si l’on pense au fait que l’on est dans une ville de plus de 15 millions d’habitants, à une vingtaine de minutes seulement du centre-ville. J’y vais le matin et l’atmosphère en ce jour d’été est décidément vacancière: beau soleil, températures agréables autour de 25°.
Un petit ferry fait le trajet entre la rive et l’île, qui est entièrement occupée par la piscine, des bars et plusieurs restaurants. C’est un haut lieu de la vie nocturne stambouliote, mais en matinée il n’y a que quelques nageurs qui s’y retrouvent. Pour des étrangers comme moi, c’est cher – 35 Euros l’entrée – mais je vois que les autres entrent sans passer par la caisse. L’île est en fait une propriété privée et appartient au club sportif Galatasaray, qui n’est pas seulement l’un des plus grands clubs de foot de la ville, mais qui offre également, et entre autres, des activités dans de nombreuses disciplines aquatiques (aviron, voile, waterpolo etc). La piscine sur l’île a toujours été le lieu d’entraînement du club et l’entrée y est gratuite pour les membres.
Ceux à qui je parle font partie de ces turcs cosmopolites, plurilingues et plutôt aisés qui font l’essentiel de la population des quartiers stambouliotes plus périphériques et dont le style de vie occidentalisé contraste si fortement avec celui des habitants de la vielle-ville. Curieusement, et contrastant encore en cela avec la vieille ville, c’est un monde qui reste assez fermé envers les touristes ou les personnes de passage comme moi: Ici on est entre autochtones, c’est sûr.
Cela vaut pour la majorité des piscines de la ville, qui sont aujourd’hui au nombre d’une bonne douzaine. Si la municipalité a beaucoup investi dans le développement de ses infrastructures sportives depuis les années 2000, celles-ci sont cependant presque toujours associatives et n’ouvrent leurs portes qu’exceptionnellement à un public occasionnel. Un coup de téléphone par un intermédiaire qui parle turc peut cependant parfois arranger bien des choses. (Pour ceux qui souhaiteraient nager à Istanbul, je recommande le site de l’administration des sports de la municipalité d’Istanbul: http://www.sporas.com.tr . Bilingue, français-turc, il recense toutes les infrastructures sportives dans une liste que l’on peut filterer par discipline)
Pour revenir au SuAda, c’est un pur lieu de rève, où l’on pourrait aisément passer une journée entière de détente et de sport: Pas besoin d’apporter grand chose en tout cas: Avec le ticket d’entrée on reçoit le drap de bain, dans les vestiaires en sous-sol, communs et non mixtes, des casiers à codes vous attendent pour mettre vos affaires, et du savon est mis à disposition dans les cabines de douche. C’est propre, mais aussi peu fréquenté en cette matinée de jour ouvrable où j’y vais. Tout est en bois de pin, les casiers et les cabines de douche en une espèce de résine blanche, tout comme le mobilier d’ailleurs.
Puis, en remontant, le voilà: Un grand bassin de 50 mètres, dont les 6 couloirs ne sont pas séparés par des lignes coupe-vagues, mais où l’on peut pourtant, en choisissant bien l’horaire, aligner les longueurs sans déranger personne.
Comme c’est de l’eau de mer, donc salée, la flottaison est bien meilleure que dans les piscines habituelles, ce qui augmente pas mal la sensation de glisse et probablement aussi la vitesse, bien que je ne l’aie pas contrôlée (il n’y a pas d’horloge). Le goût de l’eau peut paraître un peu étrange au début, mais on s’y habitue, bien que l’on se sente un peu comme un poisson mariné après une petite heure de natation … Autour du bassin, sont disposés transats, des parasols, des fauteuils, des tables basses, le tout d’un blanc impeccable, avec la carte menu à côté pour qui voudrait siroter un cocktail les pieds dans l’eau. Une sorte de pédiluve, d’une vingtaine de centimètres de profondeur seulement, prolonge d’ailleurs le bassin, où l’on peut se laisser raffraichir par l’eau comme sur une plage. Des douches (froides) permettent de laver le sel de sa peau et de ses cheveux et plus rien n’empêche une petite bronzade…
Depuis la piscine on a une belle vue sur les quartiers de la rive européenne du Bosphore, où l’urbanisation récente a créée un lieu de vie agréable, valonné et plutôt boisé, avec des maisons basses, dépassant rarement trois étages .
Somme toute, je recommanderais à tout nageur qui visiterait Istanbul, malgré le prix élevé, une escale au SuAda Club. C’est un agréable contre-point au programme touristique de la vieille ville, loin du tourisme de masse des croisières maritimes mais néanmoins très caractéristique de cette métropole fascinante sur deux continents. Qui y va pour la traversée du Bosphore, l’année prochaine? 😉
On a envie d aller y faire un tour . Sympa comme reportage .