Bonjour meduse, merci pour ton commentaire, voici quelques éléments à propos de la sécurité pour le seatrekking/la nage en mer. Comme toujours, n’hésitez pas à corriger ou à completer pour que ce soit le plus complet, le plus correct et le plus utile pour tout le monde
1) PREPARATIONLa sécurité c’est avant tout beaucoup de preparation
A. Préparation physique
- Etre en bonne forme physique (surtout cardio/endurance)
- Connaitre ses capacités et ses limites (temps de nage, distance de confort)
B. Préparation du parcours
- Se renseigner les arrêtés préfectoraux/municipaux en vigueur dans le coin
- Identifier les points d’entrée et de sortie possibles
- Distances de nage, type de côte
- Distances de marche, type de terrain
- Identifier les lieux de couchage
---> Ressource:
http://earth.google.comCourants
- Prendre connaissance des courants moyens de surface et de mi-profondeur
- Prendre connaissance de la topologie/bathymetrie des fonds
---> Ressource:
http://data.shom.fr/donneesC. Marées:
- Identifier le type de marée, les coefficients, les horaires, le marnage
---> Ressource:
http://www.mareespeche.com/fr---> Ressource:
http://www.shom.fr/les-activites/acti...D. Météo marine
- Vent: directions et force
- Houle: directions et hauteur
- Température air + eau
- Risque d’orages (faut pas nager sous orage!)
---> Ressource:
http://marine.meteoconsult.fr/E. Discuter/valider le parcours auprès des professionnels/pratiquants de la mer
- Clubs, magasins locaux, forums de plongée, de surf, de voile, de chasse sous-marine, de kayak de mer, ils en savent souvent sur les conditions du coin de par leur pratique
- Sauveteurs en mer / surveillance des plages (SNSM), surtout pour les dangers spécifiques aux plages (baïnes, courants)
- Capitainerie du port en cas de traversée d’un chenal ou de nage à proximité d’un port (c’est plutôt à éviter mais des fois, comme dans les bouches de Bonifacio, on n’a pas le choix)
F. Identifier tous les dangers, adjuster le parcours et le plan en fonction de ceux-ci. Se former/s’éduquer sur tous les points de vigilance
2) AVANT DE PARTIR NAGERVérifications avant de partir
- Vérifier que les observations sur place confirment les informations récoltées pendant la phase préparative (courants, topologies, météo, etc.)
- S’écouter (nervosité, stress, peur, manque de confiance)
- Parcourir mentalement la liste des dangers, et les réponses à apporter dans chacun des cas
- Vérifier que tout le materiel est prêt et que le materiel de sécurité est au bon endroit, où on l’attend
3. PENDANT LA NAGEPrincipaux dangers auxquels je suis attentif/proactif
A. Dangers physiologiques:
- Hypothermie: ne pas sous-estimer la perte de chaleur en nage, même dans les eaux relativement chaudes. Dès que les frissons deviennent persistents je devient vigilant, dès que je grelotte je sors.
- Crampes: dûes généralement à un équipement inapproprié, une mauvaise technique, un effort trop intense ou trop prolongé, ou encore des carences alimentaires. Quand cela m’arrive (c’est rare, je fait tout pour éviter les crampes) j’essaye de la faire partir dans l’eau, mais parfois il faut revenir à la côte et d’ailleurs assez souvent preferable. Faire une pause, étirer, manger. Si elle persiste, arrêter plus longtemps. Une grosse crampe à la cuisse c’est dangereux en mer.
- Fringale: on mange bien moins (et moins bien) en randonnée que normalement, et il faut faire attention de ne pas faire de fringale en nage. J’ai toujours des barres énergétiques ou des compotes (ça rehydrate en meme temps) à portée de main pendant la nage et je mange quelque chose toutes les heures environ. Si il faut je fais un pause à la côte pour manger tranquillement, avant de repartir.
B. Dangers liés à la mer
- Vagues: présentent divers risques dans une mer formée, boire la tasse, se fatiguer vite si on lutte, se désorienter, attraper le mal de mer, paniquer, etc. Si l'on n'est pas à l'aise de nager dans les vagues, il ne faut pas nager et attendre, car rien n'y fera, elles ne vont pas s'arrêter rapidement.
- Dérive liée au couple vent/vagues: généralement cette dérive est dans le sens du vent/vagues. En tant que nageur c'est facile de la "gérer" dans le sens où elle est évidente et relativement constante. Soit on en profite et c'est très bien (j'ai passé la pointe la plus au sud de la Corse allongé sur le dos à faire la planche avec 20 noeuds de vent et 1m de houle qui me poussaient à bonne allure), soit on l'affronte et là cela peut devenir galère. D'où l'importance de la PREPARATION et de connaitre les vents dominants et de faire le parcours en fonction.
- Dérive liée aux marées, courants, baïnes et autres spécificités locales: ces courants là sont généralement bien plus forts que ceux uniquement liés au vent/vagues et donc c'est ceux qu'ils faut rechercher et détecter en premier. Il y a plusieurs manières de détecter que l'on dérive. La première c'est en observant la côte et de prendre régulièrement des repères d'alignement. Exemple: "si cet arbre est aligné avec ce clocher et que je nage vers eux, ils doivent rester alignés". Si ils se désalignent: je dérive (dans un sens ou dans l'autre). Cette technique est utilisé en permanence par tous les plaisanciers de la mer. L'autre technique, complémentaire et plus fine à mon sens est d'observer le fond marin. Premièrement d'observer les algues, le comportement des poissons, tous les mouvements sous l'eau qui peuvent être révélateurs; à ceci près qu'il peut parfois avoir une différence de courant entre la surface et la profondeur. Deuxièmement donc, d'observer sa dérive par rapport au fond solide (rocher, sable). En étant statique 20 à 30 secondes généralement on sait si l'on dérive, vers où, et à quelle vitesse. J'évite donc de nager sans repère visuel au fond de l'eau si je peux car je sais que je ne pourrais plus que me reposer que sur l'alignement à terre, qui est la moins bonne des techniques pour un nageur.
- Désorienté/perdu: il est parfois difficile de reconnaitre la côte depuis la mer, et si il y a des vagues, il peut même être difficile de voir la côte correctement (seulement par intermittence brève, en haut d'une vague..). Quand la mer est forte il n'est pas non plus conseillé (ou possible) de nager très près de la côte à cause des déferlantes ou des remous. Dans ces conditions, on peut facilement dépasser ou rater une sortie, et si on nage le long de falaises, ou si la mer est forte et qu'on ne peut pas sortir n'importe où, cela peut avoir des conséquences fâcheuses. Il faut donc toujours savoir "où l'on est" par rapport à son parcours. Lorsque je nage le long d'une section de côte que je ne connais pas bien, j'imprime des cartes, que je plastifie et accroche au sac pour pouvoir les consulter en nage. C'est pas une solution miracle, on peut toujours "se perdre" mais c'est mieux que rien.
- Départ/sorties: Bien choisir ses départs/sorties est primordial. En cas de mauvais temps, houle ou vagues, si les points de départs/sorties sont mal choisis, le risque c'est de se faire projeter sur des rochers et de se faire mal, voire très mal (voire de s'assommer et de se noyer). Si on est déjà en mer et que la sortie prévue n'est finalement pas praticable, il n'y pas dix mille options, soit on va ailleurs (si on sait où aller, plan B) soit on y a va quand même et advienne que pourra. Tout ceci peut - et doit - largement être évité lors de la phase de PREPARATION et bien sûr par une consultation attentive et assidue de la METEO. Tous les jours. Et je n'hésite pas à ne pas nager si je ne le sens pas. Je fais alors de la reconnaissance de côte ou je convertis des étapes de nage au profit de la marche.
C. Dangers liés aux autres utilisateurs de la mer
- Filets des pécheurs: Il recommandé d'avoir un petit couteau de plongée à sa cheville, surtout pour ceux qui font de l'apnée, voir matériel
- Voiliers, bateaux à moteur, jet-skis: Il faut être visible (bonnet, drapeau de plongée sur le sac/bouée) et si nécessaire pouvoir se signaler rapidement (sifflet), voir matériel
D. Dangers liés aux habitants de la mer
- Méduses, phoques, barracudas, requins: bonne chance - écartez vous vite ou sortez de l’eau
- Vives, oursins, rochers coupants: regardez où vous marchez!
4) MATERIELVoilà une liste de matos pour la sécurité. J'emporte toujours de a) b) c) d), le reste, c'est plus rare mais tout a son utilité en fonction du parcours, de l'expérience et de la tolérance au risque de chacun
a) Combinaison de nage/triathlon (pour flottabilité et contre l’hypothermie)
b) Bouée/sac gonflable (pour se reposer si nécessaire)
c) Drapeau plongée sur la bouée/sac si possible (pour la visibilité)
d) Sifflet plastique sans bille (pour signaler sa presence ou appeller à l’aide)
e) Petit couteau de plongée attaché cheville (filets dérivants et surtout en cas d’apnée)
f) Mobile dans une poche étanche IPX7/8 tactile
g) Bonnet de couleur fluo pour ceux qui veulent (pour la visibilité)
h) Gilet gonflable, en cas de problèmes (
https://www.plastimo.com/fr/securite/g...)
i) Fusées détresse jour/nuit en cas de gros problème (
https://www.plastimo.com/fr/signal-jou...)
j) Balise de détresse personnelle (PLB), en cas de très gros problème
+ My-AIS Simy:
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