mardi 9 mars 2021
posté par Domino à 13:49

Fermeture des piscines : le virus a-t-il créé une génération de non-nageurs ?

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Ce n'est pas encore l'été, même pas le printemps, mais tous les professionnels de la baignade y pensent déjà. Et si le Covid-19 aggravait le fléau estival des noyades? Depuis mars dernier, entre le confinement et les restrictions sanitaires ayant conduit à la fermeture totale ou partielle des piscines publiques, toute une génération d'enfants - 800 000 bambins - n'a pas pu suivre correctement le cycle d'apprentissage scolaire de la natation. « C'est un an de perdu, qu'on pourra difficilement rattraper », préviennent les professeurs d'EPS.

Pour beaucoup de familles, notamment celles des milieux populaires, l'école reste le seul endroit où l'on apprend à nager. En Seine-Saint-Denis par exemple, un jeune sur deux ne sait pas nager à son entrée au collège. Le risque? Un afflux supplémentaire de non-nageurs sur les plages, les bases de loisirs, les piscines publiques ou même les bassins privés, cet été.

Chaque année, près de 1000 personnes se noient, un chiffre en constante augmentation depuis six ans. Santé publique France doit rendre cette année son rapport triennal sur la question. En 2018, son étude indiquait une hausse de 96 % des décès par noyade chez les enfants de moins de 6 ans, et de 132 % dans les piscines privées familiales.

Alors, moins de nageurs fait craindre davantage de drames aux beaux jours. « A cause du Covid-19 et de la fermeture des piscines, on a perdu quasiment deux cycles complets de natation, puisque sur l'année 2019/2020, les classes avaient tout juste démarré la discipline avant qu'on ne soit confiné », résume Coralie Benech, prof de sport dans un collège parisien et secrétaire nationale du Snep-FSU, le syndicat majoritaire de sa profession.

Ce que confirme Axel Lamotte, maître-nageur en Seine-Saint-Denis et secrétaire général adjoint du Syndicat national professionnel des maîtres-nageurs sauveteurs. « Les enfants n'ayant pas accès de façon normale à l'éveil aquatique et à l'apprentissage de la natation depuis un an, nous sommes inquiets du nombre de noyades qui pourrait grandir en 2021 », explique-t-il, citant le courrier envoyé par son syndicat à la ministre des Sports il y a une semaine. « Quand les cohortes d'élèves 2020/2021 vont débarquer sur les plages ou les bases de loisirs, cela va être catastrophique ! », appuie-t-il.

Mais pour Axel Lamotte, des solutions existent. « On sait que la forte présence de chlore dans l'eau d'une piscine peut tuer le virus. Donc, si l'on réfléchit à comment moins brasser d'élèves dans les vestiaires, on peut rouvrir les bassins et reprendre la nage », détaille-t-il, citant par ailleurs la possibilité de faire des « stages massés » pour enfants, qui ont « prouvé leur efficacité »

Ce retard en matière de natation scolaire est-il rattrapable ? Roxana Maracineanu, la ministre des Sports, indique que des solutions sont à l'étude, notamment des bassins mobiles que l'on peut déplacer d'école en école pour des apprentissages express.


Au-delà de l'urgence, pourra-t-on mettre les bouchées doubles au sortir de la crise du Covid-19 et faire nager plus d'élèves ? « Quasi impossible, à moins de construire des piscines à la chaîne », répondent en cœur les professionnels de la natation. Déjà, en temps normal, rappelle Coralie Benech, « c'est très compliqué de réserver une ligne d'eau pour une classe, parce qu'il n'y a pas assez de piscines en France ». Tout plan de rattrapage pour la génération 2020-2021 serait « au détriment » des autres élèves.

Qu'en disent ceux qui vont accueillir ces cohortes de non-nageurs? « On s'attend à ce que ce soit un été compliqué », reconnaît Gérard Hébert, président de la base de loisirs d'Etampes (Essonne), qui dispose d'une piscine à vagues, par ailleurs conseiller régional (LR) d'Ile-de-France. « On va tout mettre en œuvre pour y parer : des réunions sont prévues pour renforcer la surveillance, augmenter le nombre de maîtres-nageurs, faciliter les accès pompiers... », égrène l'élu. Qui indique que l'ouverture des piscines et des bases « est une priorité » cet été. « Pour les gamins qui n'ont pas les moyens de partir en vacances, c'est tout ce qu'il leur reste, ajoute Gérard Hébert. Nous avons une vocation sociale. »

(c)Le Parisien
Par Thomas Poupeau
Le 9 mars 2021 à 07h21, modifié le 9 mars 2021 à 07h28

2 commentaires

  

Sauf que ça fait un an qu'il y a la crise, et certains sortent du bois maintenant.
La ministre des sports devrait démissionner selon moi car elle n'a pas été capable de proposer quoi que ce soit en un an pour les sportifs amateurs.

Utiliser des arguments sur l'éventualité de hausse des noyades coupe la place au débat, car tout ce qu'on pourra dire nous accusera de favoriser les noyades. Bref n'importe quoi d'autant que la fermeture des équipements a été décidée par le gouvernement...

Les bassins temporaires dans les écoles ça me fait penser à l'initiative que la mairie de Paris lance l'été pour installer des bassins hors-sol dans certains stades de quartiers défavorisés de Paris. Ce ne sont pas des équipements qui fonctionnent tout seul : il faut nettoyer autour, surveiller le dosage des produits, surveiller le public, renouveler l'air à cause des chloramides, et ça prend énormément de place. Il est donc préférable que ces bassins soient installés dans des gymnases et non dans des écoles, notamment pour mutualiser l'utilisation par les écoliers des établissements scolaires à proximité.

Par ailleurs je serai vraiment curieux de voir en temps normal comment sont attribués réellement les créneaux, car en plus des piscines municipales ouvertes à tous, il y a de nombreux bassins-école en dur réservés normalement aux scolaires. Mais l'ensemble doit être vraiment très mal géré depuis des décénies vu le niveau en natation en France.
  

La gestion des installations existantes laissent déjà fortement à désirer. Dans certains départements comme le mien, la piscine de la ville - préfecture est fermée depuis plus d'une année pour un usage digne de ce nom...

La brève réouverture de l'été 2020 par créneau de réservation n'a pas permis à nos jeunes, de tous les âges, de profiter de ces installations de qualité, pourtant récentes (construction du complexe nautique en 2007) pour vraiment apprendre à nager de façon à être complètement en sécurité et à l'aise dans l'eau en toutes circonstances.

Notre pays a hélas toujours été à la traine en matière d'apprentissage de la natation de nos jeunes. Je l'ai observé déjà dans les années 70... Les créneaux durant les temps scolaires sont rares, les cycles courts, l'organisation compliquée du fait du transport (et donc des délais à prévoir) dans les zones rurales.

Pour avoir vécu en Allemagne et dans l'Est de la France, la différence est juste ahurissante... Consternante aussi.

Alors, suivant le vieil adage "on n'est jamais mieux servi que par soi-même", parents, apprenez vous-même à nager à vos enfants, allez avec eux à la piscine, à la mer, dans les lacs !

Ce ne sera pas forcément du grand style (ils pourront se perfectionner en club s'ils le souhaitent plus tard, s'ils en ont l'occasion) mais ils seront à l'aise et en sécurité dans l'eau en toutes circonstances, y compris une chute accidentelle en milieu naturel. Ce qui à mon sens est le but premier.

Ils pourront aussi s'adonner aux multiples pratiques nautiques : voile, rafting, kayak, plongeon...
 

 

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