Texte: Guillaume
Photos: Christophe
P.L. nous l'avait promis... Nous y voici ! En ce mercredi 17 novembre 2004, nous consacrons notre après-midi à la visite des "coulisses" d'une piscine que nous connaissons bien (surtout Christophe) et apprécions : l'établissement des Amiraux. Au programme : visite détaillée du bâtiment dans sa "face cachée" et explications techniques diverses... Un peu comme pour les journées du patrimoine sauf que ce jour-là : pas de public pour nous embêter ou faire accélérer les explications... Juste nous ! c'est donc une véritable VISITE PRIVEE que nous offre P.L., merci ! il faut le dire... Et c'est pourquoi j'ai pensé que cette occasion - plutôt exceptionnelle - méritait un papier...
Nous voici donc réunis
Christophe, P.L. et moi-même dans un petit local de service
situé derrière le guichet (je ne suis en retard
que de 10 min...) Poignées de main franches, notre "grand
gourou" de la Mairie de Paris nous présente à
une souriante dame au visage doux qui me rappelle mon ancienne
institutrice de CE1... Il s'agit en fait de la directrice des
Amiraux !! S'ensuit une sorte de "réunion de chantier"
dans le hall de la piscine (assez calme pour un mercredi) : on
nous explique comment fonctionne une piscine municipale en général
: le rôle de chaque employé, le calcul complexe
du nombre de MNS devant être présent autour du bassin
(prenant en compte la taille de la piscine, la hauteur de plafond,
le nombre de carreaux, l'humidité moyenne, enfin... c'était
de ce genre là !) ; on apprend d'où vient la forme
particulière du bâtiment dessiné en 1930
par l'architecte Henri Sauvage (qui était alors apprivoisé
depuis peu...), auteur également du célèbre
immeuble abritant la Samaritaine, posé comme un paquebot
sur les quais de la capitale. Conception révolutionnaire
pour l'époque, la structure "en terrasses" permettait
d'apporter de la lumière et de l'espace dans des logements
aux prix abordables, le tout étant recouvert de la fameuse
faïence type "métro" qui habille notre
quotidien souterrain...
Toutes ces explications (que je ne détaillerai pas davantage,
les fascicules spécialisés le font mieux que moi)
nous sont fournies avec affichage, pancartes et photos à
l'appui : en effet, les murs de l'établissement étaient
recouverts de tout un tas d'infos plutôt intéressantes,
il s'agit je crois d'une volonté de la mairie d'informer
sur ses piscines les plus remarquables et originales.
Après 20 bonnes minutes
"d'apéritif", nous franchissons les portes du
bassin (tous habillés et en chaussures : les baigneurs
sont interloqués !) pour nous engouffrer dans une petite
porte de service menant à un escalier qui nous entraîne
sous le bassin... ça commence à devenir passionnant
!
La visite fut assez longue : je dirai une bonne heure dans son
ensemble pour la partie technique ! Difficile de tout raconter,
cela serait d'ailleurs ennuyeux ; il est vrai que décrire
des kilomètres de tuyaux de différentes tailles
ne retiendrait sans doute pas votre attention. Les photos que
Chris' a prises (sur le site bientôt si ce n'est pas déjà
fait ?!) retracent mieux que les mots notre voyage dans les entrailles
de la piscine.
En gros : les tuyaux marqués de bleu indiquent l'eau "brute"
sortant directement sur les côtés du bassin, 10m
au-dessus de nous ; et les tuyaux bagués de vert : l'eau
traitée par les filtres. (J'espère ne pas avoir
tout inversé, sinon faîtes-moi signe !) Ce n'est
évidemment qu'une infime partie de tout ce que nous avons
appris, à commencer par l'eau à 29,5°C, l'air
ambiant à 1°C de plus ; le fonctionnement du déchloraminateur
grâce à une lampe à UV, le chauffage du bassin
assuré autrefois par une chaudière à charbon
suivant le principe du "bain-marie" et une foule de
détails et d'anecdotes qui m'échappent sans doute.
Un "ouvrier technicien" (un de ces gars habillés
en bleu/rouge/bleu/rouge) nous suit et explique simplement et
clairement son rôle, me dit qu'il préfère
ce boulot manuel plutôt que la besogne du concierge qui
accueille les gens ou ferme les portes des casiers... Il réalise
sous nos yeux des analyses du taux de chlore et de chloramines
dans le bassin, et consigne le tout dans le "livre d'or"
de la piscine : en gros un cahier d'archives où sont inscrits
les paramètres de l'eau sur plusieurs années. P.L.
veille au grain et surveille tout d'un il ironique en accablant
le malheureux de remarques diverses... ("Ah ben si vous
laissez tomber les pastilles de chlore par terre, ça va
finir par coûter cher à la ville !") Voyons
Mr P.L., laissez le tranquille ! Heureusement, la bonne humeur
et la détente règnent dans le groupe : la directrice
vante l'ambiance agréable et les qualités de son
équipe (encore une fois : très sympa la patronne,
si si ! adorable!!), nous prenons une photo de nous 5 parmi les
tuyaux et continuons la visite...
Par endroits, les énormes bacs à chlore et leur
odeur qui donne mal au crâne font un peu "usine nucléaire",
des bruits d'aspiration ressemblant à un compteur radioactif
ajoutés à une atmosphère pesante, étouffante,
un peu oppressante et moite sous le bas plafond... et bien tout
ceci fait un peu froid dans le dos quand on pense que c'est bien
NOUS qui nageons d'habitude dans cette soupe chimique... Cela
ne donne pas trop envie non plus de travailler dans ces sous-sols
transpirant l'acide chlorhydrique qui ronge les tuyaux par endroits
! Comme toujours, le "grand public" ne voit jamais
les coulisses et cela aurait peut-être du bon de temps
en temps. C'est comme ceux qui pensent que les avions volent
tous seuls, pilote auto et calculateur de cap enclenchés...
Ce n'est pas si simple ! Et les gens râleraient moins s'ils
savaient parfois...
Finissons par un tour d'horizon
de quelques pièces un peu délabrées : anciens
locaux où vivaient (oui vivaient) les ouvriers préposés
au charbon avant l'arrivée de la chaudière à
gaz dans les années 70. un seul mot pour décrire
ces endroits : regardez "Germinal"... et n'enlevez
rien.
Visitons également un immense garage au sol en parquet
( !!) pouvant abriter 5 ou 6 pauvres voitures qui ne demandent
que ça ! Seulement, petits litiges avec la société
voisine obligent, l'endroit est vide... Il faut arranger ça
! Les employés ont droit à un parking au sein d'une
ville où s'applique désormais une politique de
riches dans laquelle il faut se cacher si l'on a une auto et
que l'on ne prend pas le bus comme certains privilégiés
qui travaille dans la capitale et voient le monde de leur égoïste
point de vue !!... !!...
|
Passons... Il y eut enfin l'épisode du "coffre-fort" (me comprendront les gens concernés), puis quelques jolies pièces à restaurer, cachées au recoin d'un vieil escalier de bois. C'est cet "envers du décor", ce "vieux Paris" caché aux yeux de tous qui m'a plu aussi, on avait l'impression de voyager dans le temps par moments ! |
Voici donc en bref ( !) mes impressions sur une visite originale,
complète et détaillée qui nous a vivement
intéressés ! Le tout rassure un peu sur le suivi
de l'eau d'une piscine publique : les contrôles sont quand
même sérieux, le matériel en bon état
général (quelques petites fuites et du scotch à
droite ou à gauche : on est en France tout de même
!) et tout ça permet de savoir vraiment ce qu'il y a derrière
un bassin. Comme dit P.L. : "Une piscine, je croyais avant
que c'était juste de l'eau qui sort, ça passe dans
un filtre et ça revient !... et bien NON !"
Discutons encore quelques minutes dans le hall après une
courte visite des "bains-douches" (TRES moites), je
ne trouve pas le courage d'utiliser mon maillot pourtant dans
mon sac (dommage, l'entrée était offerte !), il
faut dire que le temps avait bien avancé.
P.L. me raccompagne gentiment à ma porte dans sa Twingo
blanche GPL (c'est là qu'on voit qu'on est à la
Mairie de Paris !) et la soirée se clôture donc
comme ceci !
Encore un grand merci aux concernés et un conseil aux
baigneurs (des Amiraux ou d'ailleurs) : allez voir tout ça
pendant les prochaines journées du patrimoine, votre vision
de la piscine changera... en bien je l'espère !